L'affaire Calas

Crédits photographiques : MARTIF

Un spectacle créé en 2015 et tourné jusqu'en 2019.

Après près de 250 dates en tournées scolaires, à Avignon (deux fois), en tournée à Istanbul (deux fois aussi) et dans des jolies salles ici et là, les chaises ont été rangées... Et Voltaire, qui nous accompagnait depuis dix ans, est passé à autre chose... Nous sommes malgré tout restés en très bon terme.

D'après le Traité sur la tolérance de Voltaire

Adaptation : Julien Luneau
Metteur en scène : Etienne Luneau
Décors et accessoires: Nicolas Hubert
Comédiens (en alternance): Clément Beauvoir, Hugues De La Salle, Isabelle Ernoult, Lucas Hénaff, Etienne Luneau et Malvina Morisseau
Durée : 1h05

Le 10 mars 1762, à Toulouse, Jean Calas est condamné à mort. En octobre 1761, son fils aîné, Marc-Antoine, a été retrouvé mort chez lui dans d’étranges circonstances. Le Capitoul David de Beaudrigue, chargé de l’enquête, défend une théorie : Marc-Antoine voulait se convertir au catholicisme et sa famille protestante aurait voulu l’en empêcher. Ce simple fait divers prend alors une tournure religieuse où le fanatisme met à mal la justice.

Voltaire ne voit pas les protestants d’un très bon œil : retiré dans son château de Ferney, à deux pas de la protestante Genève, il est fâché que le théâtre, et plus particulièrement ses pièces, y soit condamnés par la morale huguenote. Averti de l’affaire, il prend d’abord parti contre Jean Calas. Mais la tournure des évènements finit par le convaincre de la complète innocence de la famille Calas et il engage alors un formidable travail pour obtenir la révision du procès. Il alerte l’Europe entière et tente de retourner ce que l’on n’appelle pas encore « l’opinion publique ». En 1763, il publie le Traité sur la tolérance, dans lequel il dénonce, avec l’affaire Calas, toutes les dérives du fanatisme religieux. Le retentissement est grand et entraîne la cassation puis la révision du procès. En 1765, Jean Calas est réhabilité.

Après notre adaptation de Candide, nous retrouvons un autre Voltaire. Le premier se sert d’un conte pour dénoncer avec distance et légèreté les travers du monde. Le second se dresse devant l’injustice immédiate avec force et gravité. Le premier s’inscrit dans la postérité. Le second est aux prises avec son temps. C’est le penseur qui se mêle au réel, le philosophe de combat qu’incarne Voltaire dans cette affaire Calas. Aux juges de Toulouse qui additionnent des quarts de preuve pour condamner un protestant, Voltaire oppose une vérité franche et massive pour condamner l’intolérance de toutes les religions.

Notre spectacle parle de cela. Il parle du combat acharné qui a été mené contre l’intolérance. Il interroge sur le devoir de s’élever contre les injustices. Cependant nous ne sommes pas des philosophes mais des comédiens et c’est avec notre meilleure arme que nous nous attaquons à ces sujets : le jeu. L’affaire Calas est parfois un polar où l’enquête est haletante, parfois un drame où un père hurle son innocence sur la roue, parfois une comédie où des témoins ahuris déforment la rumeur publique, parfois une chanson quand on ne peut pas dire les choses autrement. Avec joie et appétit, nous nous passons les rôles pour raconter cette histoire et inviter le spectateur à l’investir. Par l’élan du jeu, notre spectacle veut rappeler que si la roue n’est plus de notre temps, d’autres instruments ont pu la remplacer et qu’il n’y a pas toujours un Voltaire pour le dire.

Ce spectacle est soutenu par la Ligue de l’Enseignement, fédération de Paris ainsi que par l'Académie de Paris.

L'affaire Calas